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Ma Douce et Tumultueuse
5 décembre 2015

"Le plus intime et fragile des sentiments"

9782228907095

Chers lecteurs, ce matin et comme je l'avais prévu il y a fort fort longtemps, je vais vous présenter une oeuvre que j'ai beaucoup aimé lire. Écrite par un psychanalyste, psychiatre et thérapeute français, Robert NEUBURGER. J'en ai fait une synthèse et espère que vous en apprécierez,tout comme moi, le contenu. Bonne lecture ! (J'ai l'impression de présenter une oeuvre religieuse !)

« Je sens mon cœur battre, mes poumons respirer, mon corps vivre, et pourtant je ne sens pas que j’existe »

Disait une victime d'abus sexuel...

Cette phrase constitue en quelque sorte la base de son étude sur le sentiment d’exister car il dit être frappé par la fréquence de cette forme d’expression de la souffrance chez beaucoup d’hommes et de femmes.

Robert NEUBURGER distingue alors « vivre » et « exister ». Il se crée naturellement un étroit rapport entre ces deux sentiments. Selon lui, « vivre » nous est donné, on doit entretenir la vie (manger, boire, surveiller sa santé). En revanche, « exister » est une chose beaucoup plus complexe, parce qu’il s’agit d’être en accord avec le déroulement sa vie.

J’ai beaucoup apprécié cette œuvre par rapport au fait qu’elle est très bien divisée en 7 chapitres qui décrivent clairement les différentes phases du sentiment d’existence. Il se lit un peu comme une longue dissertation avec une introduction qui s’intitule : Vivre et Exister et une conclusion : Le plus intime et fragile des sentiments humain.

Les différents chapitres sont les suivants:

Chapitre 1 : Comment se construit le sentiment d’exister

Chapitre 2 : Exister

Chapitre 3 : Perdre sa raison d’exister

Chapitre 4 : Le sublime et le Désespoir

Chapitre 5 : Peut-on se faire auto-exister

Chapitre 6 : La dépression : une rage impuissante

Chapitre 7 : Revivre au monde : pour une curiosité bienveillante

 

Je vais essayer de parler en quelques phrases de chacun des chapitres qui comme vous avez pu le constater décline étape par étape l’existence, jusqu’à la dépression.

 ►Dans le premier chapitre, l’auteur explique que la construction du sentiment d’exister provient essentiellement des relations que l’on établit avec les autres, celles que les autres établissent avec nous mais aussi de l’appartenance à des groupes qui nous reconnaissent et nous acceptent.

Il s’agit d’une part des relations interpersonnelles : relation nourricière (normalement établie par la mère), relation d’autorité (par le père), relation fraternelle (frères et amitiés) et relation amoureuse.

Et d’autre part des relations d’appartenances : Groupe familial (sous son aspect culturel), groupe fraternel (il ne s’agit pas des frères de sang mais du deuxième groupe d’appartenance d’un enfant après sa famille, qui va se développer à l’école par exemple et où il va apprendre la solidarité, adopter des mœurs et une culture qui n’est pas celle de la famille) ensuite il y a le groupe couple (constitue une source majeure du sentiment d’exister car il renforce notre identité sexué et nous fait exister en tant qu’homme ou femme) et enfin le groupe idéologique (tout ce qui concerne les croyances religieuses, scientifiques, politiques, artistiques etc.)

►Dans le chapitre 2, Robert NEUBURGER insiste sur le fait que la liberté de l’Homme réside dans sa possibilité de choisir ses dépendances, ses groupes d’appartenances et ses relations. Mais que le paradoxe dans cela est que plus l’Homme est dépendant, plus il est libre à la fois dans son désir d’exister, de s’autonomiser, de décider de son destin mais aussi dans son besoin d’appartenance. Grâce à cette liberté il va construire sa dignité personnelle et sa dignité d’appartenance (l’intime et la norme extérieure).

 

►Dans le chapitre 3, on comprend alors qu’une fois le sentiment d’exister bien construit on se sent en sécurité, on le prend comme une base pour se projeter dans le futur.

On existe dans un espace et un temps. La perte de sa raison d’exister provient alors de deux types de difficultés :

 

- La remise en question, le manque, l’ébranlement des relations avec les autres (notamment le deuil, le désamour, la séparation, la solitude et la misère).

 

- Les attaques venant de l’extérieur qui visent notre personne : attaque à sa dignité personnelle, à son intimité. (Atteinte morale, atteinte corporelle, agressions, déshumanisation [rejet, réduction à un trait ou symptôme, isolement d’un groupe par manque de reconnaissance])

 

Il explique que tout ce qui nous procure ce sentiment d’exister peut aussi nous faire souffrir ou mourir. Ce sentiment repose entièrement sur les relations avec les autres et c’est ce qui le rend si fragile.  Il donne 2 exemples de perte de raison d’exister. Un où il s’agit d’un individu qui n’a pas reçu dès sa naissance et son enfance le capital de confiance et de reconnaissance qui lui est dû. Il n’a pas été identifié et aimé comme il le faudrait. Et un deuxième exemple où il s’agit d’un homme qui à vécu des évènements déstabilisants et qui ont remis en question toute sa construction personnelle.

C’est très intéressant car il s’agit d’exemples réels soit de ses patients ou soit de personnalités reconnus que Robert NEUBURGER à tiré d’œuvres autobiographiques pour la plupart.

 ►Dans le chapitre 4, il est question alors de cette rupture avec notre armature. Cette chute de son sentiment d’exister. Il distingue 2 choix d’échappatoire possible. Le sublime ou le désespoir. Les deux semblent intimement liés.

-Le sublime: constitue une échappée par le haut, il s’agit de se redonner le sentiment d’exister par la création artistique pour échapper à la souffrance. Bien que cela puisse aussi mener à la folie, voir même au délire. Le sublime peut aussi se créer dans la rêverie, dans la vie fantasmatique ou par délégation au travers du destin de vedettes, d’héroïne ou de sportifs célèbres.

- Le désespoir : dont l’ultime recours est le suicide. Quand se tuer devient la seule alternative, quand on perdu sa dignité d’homme et ainsi son attache sur terre. Il peut aussi naitre un besoin de se faire exister après la mort ou même de tuer dans ce but justement d’exister (exemple : crime passionnel ou vandalisme) dont la forme est parfois : «  je détruis ce qui ne sera jamais à moi ».

Là encore, l’auteur agrémente son chapitre d’exemples poignants pour chacun des choix.

►Cependant, dans le chapitre 5, Robert NEUBURGER distingue d’autres types de solutions à la perte de sa raison d’exister. Certains souffrants tentent de se faire auto-exister. Bien qu’il soit clairement signifié que ce soit impossible. Cela représente un pari entre l’individu et lui-même de se prouver en quelque sorte qu’il n’a pas besoin des autres, de toutes les relations fondamentales citées dans les 2 premiers chapitres. C’est de créer avec soi-même un monde personnel qui nous permet de trouver ou de retrouver, de réparer, d’une façon détournée ce sentiment d’exister qui n’a pas été obtenu ou maintenu.

Ces tentatives sont pour la pluparts des comportements à risques. Il s’agit là de la prise de drogue d’alcool, l’automutilation qui contribuent à rappeler à l’individu qu’il existe bel et bien. Mais ces tentatives peuvent aussi se manifester par les jeux de hasard ou par la passion qui aident à se maintenir hors de la dépression.

 Tous ceux qui n’auront pas su y échapper se verrons ainsi sombrer dans le désespoir ou plutôt dans la rage, c’est ainsi que le qualifie l’auteur : une rage impuissante.

 

►Dans le chapitre 6, il regrette que les patients soient alors classés en tant que malades et diagnostiqués « dépressifs ». Pour lui, ces derniers sont mis en hors jeu social et ne représentent plus que des inadaptés à la norme alors qu’il n’y a rien de plus humains que cette souffrance. Ce que les médecins diagnostiquent comme étant une dépression n’est rien d’autre que l’expression de la rage qu’ont dans le cœur les victimes d’injustices, d’humiliation ou d’abandon. A défaut de pouvoir se venger, les victimes sont catégorisées et sombrent dans une passivité agressive. Elles se pensent malades. C’est un leurre, elles ne le sont pas, elles réagissent dans la forme la plus saine à un contexte anormal. Pour l’auteur, la médicalisation poussent les hommes à une perte d’autonomie. La rage, la révolte, l’indignation est transformée en maladie. Ces gens catégorisés comme dépressifs n’ont plus envie de régler leurs problèmes comme il le faudrait. Ils démissionnent de la lutte sociale.

 

► Dans son dernier chapitre, Robert NEUBURGER explique que l’on fait principalement trois erreurs dans la prise en charge de la dépression dans les cabinets médicaux.

La première est le fait que l’on attend du patient qu’il soit heureux comme avant sans qu’il extériorise sa rage.

La deuxième qui est plus grave est qu’on essaye de le traiter par des drogues pharmacologiques qui vont agir sur le corps alors qu’il s’agit d’un problème d’Existence.

Et la troisième est cette étiquetage des malades qui crée une catégorie à part.

 Il propose alors la curiosité bienveillante. Elle est basée sur le concept de neutralité bienveillante de FREUD et consiste à ne pas s’enfermer dans un diagnostique et à entamer une démarche consciente de la fragilité de la construction du sentiment d’exister.

Le tout est de tenter de redonner au patient sa dignité pour qu’il réintègre la communauté des humains.

 

 Il termine alors cette œuvre en concluant que la vie est une unique tentative pour l’être humain d’exister et lorsque celui-ci est menacé par le désespoir, il a droit à une écoute de sa souffrance dans ce qu’elle a de particulier, de singulier car

« Rien n’est plus fragile, plus intime, plus humain que le sentiment d’exister. »

 TCHUSSS

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  • Agréable, tranquille, complaisante, bonne, confortable... mais toute aussi agitée, trouble, pleine de bruit et de désordre à la fois. Beau contraste? La voici, telle que je la perçois : la Vie. Ma Vie. Pas extraordinaire, juste singulière.
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