Et si je devenais un super héros ?
Je suis peu fière de moi en cette soirée ordinaire.
Quoi que pas totalement ordinaire puisque je reviens des cours un peu secouée par la leçon que Dieu ou je ne sais qu'elle autre force divine m'a infligée.
Aujourd'hui, une femme aurait pu mourir juste devant mes yeux... Elle aurait pu, oui ! Et moi qu'est-ce que j'ai fait ? Rien.
Je vous relate les faits :
La nuit est tombée depuis déjà plus d'une heure et je descends de mon bus dans une petite gares où se côtoient bus, métros et tramway . Écouteurs aux oreilles, je m'apprête à traverser les rails du tramway pour me rendre de l'autre côté. Plusieurs personnes traversent dans le sens inverse dont une jeune femme qui apparemment n'a pas vu le tram qui approche puisqu'elle marche beaucoup moins vite que les autres. Elle se retrouve donc bien en arrière de ce petit peloton.
Comme la plupart des transports en communs du réseau Rhônalpin, ce tramway dispose de deux types de klaxons différents : Un simplement pour avertir de son passage ou de son arrivée à une station ("Ding Ding") et un autre pour alarmer réellement les usagers qui se trouvent sur les voies ( "piiiiiinnnnnp"). Cette jeune femme qui n'a visiblement pas entendu le premier klaxon, bondit littéralement au son du deuxième. Tellement effrayée qu'elle ne sait pas si elle doit courir de mon côté ou reculer net. Par une voltige en avant elle se retrouve heureusement sur le bord, la main sur la poitrine complètement abasourdie par ce qu'elle vient de vivre.
Elle passe à côté de moi puis d'une jeune fille juste derrière moi qui a aussi vu la scène et lui demande donc si elle va bien avant de lui proposer un peu d'eau. Et là ! Je me sens bête...
Je l'ai regardé dans les yeux, j'ai vu et même ressenti la peur dans son regard... Cette femme venait tout juste de frôler la mort ! À une seconde près, elle se faisait happer.
Je dois admettre, sur la fraction de seconde durant laquelle s'est déroulée l'action, j'ai pensé : "Elle est vraiment bête cette dame, pourquoi elle prend tout son temps à traverser alors qu'il y a un tram qui arrive. Les gens ne comprennent donc vraiment pas!" Et encore une plus petite fraction de seconde après l'action je me suis dis : " Pff elle aurait pu se faire écraser sottement" jusqu'à ce que la voix de la jeune fille derrière moi m'arrache de mon délire.
Alors que je réalise vraiment l'ampleur de la scène qui vient de se dérouler, je me retourne et commence à culpabiliser en voyant cette femme s'asseoir à même le sol catastrophée, les yeux dans le vide. Moi aussi j'aurai pu au moins demander si elle allait bien. Moi aussi j'avais une bouteille d'eau que j'aurais pu proposer mais rien. Je n'ai rien fait et j'ai détesté la personne que j'étais dès le moment où j'ai réalisé.
Suis-je vraiment si ignoble? Non ! Ce n’est pas moi ça !
En effet, il y a quelques temps, j'avais décidé d'effectuer le maximum de bonnes actions (B.A) qui se présentent à moi par jours et à les noter s’il le fallait en fin de journée. Ça peut paraître tout con mais ça fait du bien à celui qui le fait et davantage à celui qui en bénéficie. Il m'arrive alors régulièrement de m'auto-féliciter d'avoir payé un billet de transport à un monsieur qui n'avait pas assez de monnaie ; d'avoir ramassé les courses d'une vieille dame qui se sont renversées dans le bus ou alors de tenir une porte d'entrée à une maman pour qu'elle rentre avec sa poussette. J'avais réussi à me convaincre que donner 1 euro a un sdf dans la rue ou remplir les fiche de donations des bénévoles ne suffisait pas forcément à se rendre utile pour autrui. Et que ce ne sont pas que les enfants du tiers monde qui nécessitent notre aide mais parfois la personne juste à côté de nous à qui on ébauche à peine un regard.
Mais alors qu'en était-il de cette dame? Avais-je oublié ma résolution? Non pire...
Je me suis tout simplement laissé aller aux préjugés ! Vous savez, ces préjugés auxquels il est si difficile de se défaire ! Ces préjugés qui m'ont fait oublier que la raison pour laquelle je suis moi-même descendue à cette gare est que j'ai tout simplement (pour ne pas "re"dire bêtement) raté mon arrêt car complètement perdue dans mes pensées je n'ai pas vu ni même entendu la voix qui énonçait l'arrêt auquel je devais descendre. (Retour de flamme?)
C'est donc en parcourant les 800 mètres qui me ramenaient vers ma résidence que j'ai pu me remettre en question sur ce que je venais de faire ou plutôt de ne pas faire... Je regrette de n'avoir pas été plus spontanée, de ne pas avoir chassé assez rapidement mes préjugés et je me suis intimement promis qu'aussi rapide que soit l'action, ça ne m'arrivera plus.
Car mes expériences m'ont appris que même la plus petite action pouvait contribuer à rehausser mon estime personnelle mais aussi celle de l'autre. Ça ne coûte rien, ça fait plaisir et quelques fois ça sauve.
Vous imaginez si tout le monde faisait pareil?
Allez ! C’était ma petite leçon du jour.
Je reviens très vite pour le récit d’une toute autre aventure !!!
TCHUSSS